Partie 10 : Toi
Je rentre chez moi, le coeur en miette. Revoir Pierre est un choc. Tous mes souvenirs remontent à la surface et je ne peux que pleurer de tristesse. Sa fille est merveilleuse et les voir ensemble est beau mais douloureux.
Mon coeur va exploser, je sens les battements m'engloutir dans une spirale et je ne suis pas certaine de survivre à tant d'émotions contradictoires. Son regard sur moi, intense, a lu mon âme et j'ai fini par capituler pour lui avouer avec le mien, l'immensité de mes sentiments pour lui.
On toque à ma porte, je pense que Ben vient pour s'excuser. J'ouvre d'un geste sec et mes yeux se perdent dans ceux de Pierre. D'un pas rapide, tu rentres et me fait reculer au milieu du salon, tu fermes la porte et restes dos à moi, la main sur la poignée. Je remarque que tu trembles. Ta respiration rauque perce le silence qui s'installe. Je n'ose pas bouger, ni parler. Tout se fige et nous devenons spectateur de la scène qui se joue devant et avec nous. L'impression d'être dans une autre dimension.
Je baisse la tête au moment où j'entends tes mouvements. tu es toujours face à la porte.
Tu retires ta cravate, qui tombe dans un bruit sourd sur le sol. Tes mains s'agitent et ta chemise longe ton dos, pour suivre le même chemin que ta cravate. Je ne peux que te contempler et je rougis quand je comprends au son de la boucle de la ceinture , que ton pantalon va lui aussi succomber à ta mise à nu. Je baisse la tête quand je surprends tes mains sur tes hanches, la fin approche.
- Héloïse, regarde-moi.
Je te sens venir, mais tu gardes une certaine distance malgré tout. Doucement, mon regard se pose sur tes pieds, je remonte pour saisir chaque vision de ta peau, je ne peux cesser d'admirer ce que tu m'offres, c'est la première fois que je vois en vrai, la nudité d'un homme et je suis heureuse que se soit la tienne. Tu es beau, ton corps est mon paradis, ce rêve improbable qui prends soudain vie.
- viens vers moi. Viens contre moi, viens.
Je fais un pas, puis un suivant et je me retrouve proche de toi.. Je sens ta peau frémir contre mes vêtements. Tu retire juste ma veste et puis d'un pas de plus, mon corps se colle au tien. Ton souffle chaud, se répands comme une trainée de poudre, dans chaque pore de ma peau. Je hume ta senteur boisée, je hume ton odeur d'homme et je me sens bien, je me sens être une autre, je me sens tienne.
Ta main caresse de son dos, la courbe de mon sein, à travers mon chemisier, mais c'est si léger, que j'ai l'impression de rêver. Tu défais les boutons un par un, ton regard ancré dans le mien. Tu en écarte les pans et le fait glisser le long de mes bras. De tes lèvres, tu effleures le satin de mon caraco, où tu fais glisser les lanières. Ma respiration est saccadée, mes jambes tremblent un peu. Ton nez embrasse le mien, tout timidement et puis ta bouche, se tient à un fil de la mienne, nos souffles se mélangent et le bout de ta langue frôle ma lèvre inférieur. Je ne bouge plus, comment t'avouer que je n'ai jamais embrasser, jamais câliner, jamais toucher, jamais eu envie d'un homme autre que toi. Ce baiser, il devait et doit être pour toi car je t'aime. Je suis amoureuse de toi, depuis l'âge de 10 ans. Tu es marié et soudain, d'un pas, je me recule.
- Tu as Elodie, je ne peux pas lui faire ça, Pierre.
Tu t'approches pour te recoller à moi, tu m'enlaces et je sens du mouillé dans mon cou. Tu pleures et je ne peux m'empêcher de faire de même, nous pleurons ensemble, nous délivrant de non-dits, de douleurs, de rancoeurs et de sentiments inavoués. Tu colles ton bassin contre le mien et tes jambes se soudent aux miennes pour que nos corps s'épousent.
Ta bouche effleure mon oreille et tu me murmures d'une voix émue :
- Elodie m'a quittée.
Un soupir libérateur se fait entendre.
Mon Pierre, mon amour, enfin !
Mon homme, mon toi!